
Crédit photo: Olivier Metzger
Nathanaëlle Vincent
Dans l’univers discret de l’exploration urbaine (urbex pour les intimes), David de Rueda présente un parcours hors du commun. Le photographe de 26 ans, créateur de l’un des sites internet les plus visités sur le sujet, a déjà exploré pas moins de 200 lieux abandonnés ou inaccessibles et capturé en images ces endroits oubliés des hommes et du temps. Prisons désaffectées, anciennes zones militaires, écoles ou maisons abandonnées, de Rueda pratique depuis huit ans cette forme d’archéologie moderne à la limite de la légalité. En 2013, il part trois mois avec une amie vidéaste aux États-Unis pour un road trip en mode urbex et y réalise un documentaire. Son film, « Urban escape » est actuellement présenté dans différents festivals de films européens.
L’urbex serait-elle l’urbex sans la transgression et l’adrénaline?
C’est sûr que ça fait partie du jeu. Si on pouvait rentrer dans les lieux par la porte, ça enlèverait une part intéressante de l’exploration. Il y a certains lieux qui sont très difficiles d’accès. Il faut avoir de l’imagination pour y entrer, prendre des risques quand les lieux sont surveillés, être très discret. Je ne considère pas l’exploration sans les phases d’approche et de recherche qui sont partie intégrante du processus.
Aux États-Unis, dans certains états, quand tu es sur la propriété de quelqu’un, tu peux tomber sur des personnes armées, c’est le risque principal. Ça ne nous est pas arrivé, mais c’est sûr qu’on avait ça en tête. J’ai rencontré un explorateur à Détroit qui s’est fait tabassé et dépouillé de son matériel dans une église abandonnée. On peut pas ne pas y penser. On a exploré plusieurs ponts actifs ou des terrains militaires, ce sont des sites plus sensibles que les sites abandonnés car ils sont surveillés. Il y a beaucoup plus de risques d’être arrêtés. À la Nouvelle-Orléans, on s’est fait sortir du parc d’attractions, mais on a joué la carte des français égarés et ça a marché.
Parmi mes sorties les plus risquées, il y a l’exploration du Costa Concordia, quand il était encore échoué sur l’île. Des plongeurs y travaillaient 24 heures par jour sept jours sur sept et il y avait des patrouilles en bateau. On a traversé à la nage de nuit pour accéder à l’arrière du bateau…C’est sûr que dans des moments comme ça, on a le cœur qui bat vite.
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Étiquettes : David de Rueda, photographie, urban escape, urbex