Une dernière nuit à bord de l’Elysée flottant

11 Fév
Double rampe de lancement de missiles. Crédit photo: Benjamin.

Double rampe de lancement de missiles. Crédit photo: Sébastien.

Navire-amiral de la marine nationale française, le croiseur Colbert a protégé la flotte de l’Hexagone pendant trois décennies. Entreposé depuis sept ans dans le cimetière de bateaux militaires de Landévennec, il a entamé, au début du mois de février, son dernier voyage pour être démantelé à Bordeaux. Incursion dans les entrailles rouillées du mastodonte et retour sur son histoire à l’aube de sa disparition.

Le kayak glisse sans bruit dans la nuit bretonne. À part un groupe de pêcheurs qui s’active un peu plus loin, tout est calme sur les eaux de l’Aulne.  La rivière, qui serpente à travers le Finistère, se jette un peu plus loin dans la rade de Brest, mélangeant sa douceur au ressac de l’Atlantique. Assis à l’arrière du canoë, Sébastien* a compacté dans un bidon étanche tout le matériel dont il aura besoin au cours des prochaines heures: vêtements de rechange, appareil photo, batteries, lampe de secours. Ce ne sont pas les méandres de l’Aulne qui l’intéressent. Mais l’immense coque de métal qui se dessine à l’horizon. Encore quelques coups de pagaies et nous entrerons dans le cimetière de bateaux militaires de Landévennec.

Notre embarcation de plastique a l’air ridiculement petite quand nous passons sous l’énorme chaîne qui ancre le Colbert dans les profondeurs de la rivière. Les 10 000 tonnes de métal grincent dans un ultime caprice. Haut comme un édifice de six étages, long de 180 mètres, le navire de guerre devenu bateau fantôme n’a pas eu de visite depuis longtemps. Lire la suite

Le melting-pot de l’archange

6 Mar
Église Saint-Michaels, Montréal. (Crédit photo: Lisa - Flickr)

Église Saint-Michaels, Montréal. (Crédit photo: Lisa – Flickr)

Nathanaëlle Vincent

Un combat se joue depuis près d’un siècle en plein cœur du Mile-End montréalais. Un combat perdu d’avance, figé dans le temps. Celui de l’Archange Michel terrassant Lucifer à coups d’épée lors de la bataille des anges déchus. Sous la fresque méconnue de Guido Nincheri, la communauté polonaise assiste à la messe dominicale dans l’église Saint-Michel Archange. Véritable prouesse architecturale, l’église est un symbole du quartier marqué par la diversité religieuse et culturelle.

Les jeunes hipsters qui sirotent leur expresso sur la rue Saint-Viateur ont-ils déjà pénétré dans l’imposante église à l’architecture byzantine pour y observer cette fresque de Guido Nincheri? Comme tout visiteur du quartier, ils n’ont vraisemblablement pas manqué de se questionner sur le gigantesque dôme recouvert de cuivre, conversant avec un «minaret» de 40 mètres de haut. S’agit t-il d’une église grecque ? Ou d’une mosquée en plein cœur de Montréal? Aucun muezzin ne lance pourtant d’appel à la prière en ce dimanche matin. Les paroissiens qui gravissent les marches de Saint-Michel Archange pour assister à la messe ne pipent d’ailleurs pas un mot d’arabe. «Co słychać?» «Dobrze!»  Les salutations d’usage vont bon train sur le parvis de l’église. Une pancarte sur le mur nous apprend qu’elle dessert la communauté catholique polonaise. Des messes en anglais et en polonais y sont célébrées tous les jours. Lire la suite

Panique transatlantique

14 Mai
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Crédit photo: Vincent Boyer | Flickr

 

Nathanaëlle Vincent

Au moment où la voix nasillarde du pilote se fait entendre, annonçant le décollage imminent aux 248 passagers de l’Airbus A310, deux certitudes s’imposent à moi :

1- Les pilotes ont tous la même voix nasillarde. 

2- Dans un court instant, nous serons tous morts. 

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En passant

Les Céline débarquent à Montréal

13 Fév

 

Quand Céline et Céline arrivent à Montréal pour s’y installer, elles sont bien loin d’imaginer la joyeuse galère dans laquelle elles s’embarquent. Arrivées juste après le 1er juillet, journée officielle du déménagement chez les Québécois, elles ne trouvent aucun appartement. Les Céline sont alors hébergées par toutes sortes d’inconnus, du plus généreux au plus désagréable.

 

Crédit photo: Tina Mailhot-Roberge

Lulu sera bientôt grand frère

7 Avr

Disparues

22 Oct

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Disparues from Nathanaelle Vincent on Vimeo.

Réserve algonquine de Kitigan Zibi, Québec – Avril 2015
Laurie Odjick se bat depuis sept ans pour faire la lumière sur la disparition de sa fille.
Au Canada, près de 1 200 femmes autochtones ont disparu ou ont été victimes d’un meurtre au cours des trois dernières décennies. Une tragédie doublement insupportable pour les familles des victimes qui dénoncent des enquêtes policières bâclées, le silence des médias et l’indifférence du gouvernement.

Un reportage de Catherine Bernard, Simon Mauvieux et Nathanaëlle Vincent réalisé dans le cadre du cours «Reportage télévisé», à l’Université du Québec à Montréal.
Musique originale de Gilles Lenfant.

Pour voir le reportage: https://www.dropbox.com/s/gf2ahvqs3fv5o1x/Disparues%20%281%29.mp4?dl=0

Six questions au roi français de l’urbex

2 Jan
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Crédit photo: Olivier Metzger

Nathanaëlle Vincent

Dans l’univers discret de l’exploration urbaine (urbex pour les intimes), David de Rueda présente un parcours hors du commun. Le photographe de 26 ans, créateur de l’un des sites internet les plus visités sur le sujet, a déjà exploré pas moins de 200 lieux abandonnés ou inaccessibles et capturé en images ces endroits oubliés des hommes et du temps. Prisons désaffectées, anciennes zones militaires, écoles ou maisons abandonnées, de Rueda pratique depuis huit ans cette forme d’archéologie moderne à la limite de la légalité. En 2013, il part trois mois avec une amie vidéaste aux États-Unis pour un road trip en mode urbex et y réalise un documentaire. Son film, « Urban escape » est actuellement présenté dans différents festivals de films européens.

L’urbex serait-elle l’urbex sans la transgression et l’adrénaline?

C’est sûr que ça fait partie du jeu. Si on pouvait rentrer dans les lieux par la porte, ça enlèverait une part intéressante de l’exploration. Il y a certains lieux qui sont très difficiles d’accès. Il faut avoir de l’imagination pour y entrer, prendre des risques quand les lieux sont surveillés, être très discret. Je ne considère pas l’exploration sans les phases d’approche et de recherche qui sont partie intégrante du processus.

Aux États-Unis, dans certains états, quand tu es sur la propriété de quelqu’un, tu peux tomber sur des personnes armées, c’est le risque principal. Ça ne nous est pas arrivé, mais c’est sûr qu’on avait ça en tête. J’ai rencontré un explorateur à Détroit qui s’est fait tabassé et dépouillé de son matériel dans une église abandonnée. On peut pas ne pas y penser. On a exploré plusieurs ponts actifs ou des terrains militaires, ce sont des sites plus sensibles que les sites abandonnés car ils sont surveillés. Il y a beaucoup plus de risques d’être arrêtés. À la Nouvelle-Orléans, on s’est fait sortir du parc d’attractions, mais on a joué la carte des français égarés et ça a marché.

Parmi mes sorties les plus risquées, il y a l’exploration du Costa Concordia, quand il était encore échoué sur l’île. Des plongeurs y travaillaient 24 heures par jour sept jours sur sept et il y avait des patrouilles en bateau. On a traversé à la nage de nuit pour accéder à l’arrière du bateau…C’est sûr que dans des moments comme ça, on a le cœur qui bat vite.

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Le Québec et la Californie s’échangent des crédits carbone

9 Déc

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Converse sur les ondes de Radio-Canada
Journaliste: Nathanaëlle Vincent
Animateur: Daniel Mathieu

Le 25 novembre, se tenait la première vente aux enchères conjointe dans le cadre du marché du carbone unissant le Québec et la Californie.

Quels sont les enjeux entourant la vente de crédit carbone? Comment fonctionne ce type d’enchères? Pourquoi le Québec est la seule province canadienne à prendre part à cette initiative?

Les réponses se trouvent dans cette converse que j’ai eue avec l’animateur Daniel Mathieu, de l’émission Les voies du retour, sur les ondes de Radio-Canada.  

Reportage: Le violon de Jos

21 Nov

Le violon de Jos from Nathanaelle Vincent on Vimeo.

Utiliser le web 2.0 pour garder la tradition bien vivante, c’est le pari qu’ont fait les concepteurs du Violon de Jos. L’équipe de Montréalais lancera, le 28 novembre prochain, une encyclopédie multimédia du violon traditionnel québécois.

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Caméra, son, montage, entrevues: Nathanaëlle Vincent

The good lie : lignes de fuite

12 Nov

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Nathanaëlle Vincent
Pour le cours Journalisme d’opinion

Diffusé dans seulement trois salles de cinéma au Québec et victime d’un quasi silence médiatique, le dernier film de Philippe Falardeau est à l’image de l’histoire qu’il raconte: essentiel mais oublié.

The good lie, sorti le 17 octobre sur nos (quelques) écrans mériterait pourtant d’être vu par le plus grand nombre. Produit et distribué par l’énorme machine hollywoodienne, ce long-métrage n’en demeure pas moins un film sur l’Afrique traité sans compromis et avec une grande sensibilité par le réalisateur de M. Lazhar et de Congorama. En portant au grand écran l’histoire tragique mais lumineuse des « enfants perdus » de la guerre soudanaise, Falardeau met, par la même occasion, un terme à une quête personnelle débutée il y a 20 ans. Lire la suite